Et si les entomologiste pouvaient désormais photographier un papillon sans jamais le toucher, ni l’épingler ?
C’est ce que permet maintenant une technique aussi surprenante qu’efficace : la lévitation acoustique.
Une équipe de recherche allemande vient de publier une étude présentant un système entièrement automatisé qui suspend les insectes dans les airs à l’aide d’ultrasons, pour ensuite les photographier sous toutes les coutures — sans jamais les altérer.
Au-delà de la prouesse technique, l’enjeu est clair : mieux documenter le vivant. À l’heure où la biodiversité s’effondre, chaque spécimen compte — surtout quand il s’agit d’insectes rares ou menacés.
Pouvoir les scanner en 3D, avec une fidélité chirurgicale et sans contact, c’est offrir aux chercheurs un outil précieux pour suivre les évolutions, comparer les morphologies, ou identifier de nouvelles espèces.
Et c’est aussi une façon de rendre la science plus accessible, en partageant ces modèles partout dans le monde, même là où les collections ne voyagent pas. Bref, une petite avancée technique qui pourrait faciliter la connaissance — et la préservation — du vivant.
Des photos 3D sans contact, grâce au son
Le dispositif combine un champ de lévitation acoustique (40 kHz), un support rotatif motorisé et un appareil Olympus OM-D E-M1 Mark III équipée d’un objectif 90 mm f/3.5 Macro IS PRO équipé d’un doubleur MC-20.
À chaque rotation du spécimen, le système capture des séries de 9 photos à différentes distances de mise au point, pour permettre un focus stacking.
L’ensemble est répété sur 72 angles différents autour du sujet. Résultat : une reconstruction 3D haute fidélité, sans contact ni manipulation mécanique directe.
La technique fonctionne avec des Insectes à partir de 3 mm. Les auteurs précisent que même les structures très fines — pattes, antennes, poils — conservent leur position naturelle grâce à l’équilibre acoustique et ne sont pas endommagées.
Une plateforme robotique taillée pour les labos

Côté infrastructure, c’est du sur-mesure pour laboratoire : matrice de 36 transducteurs ultrasoniques, algorithme de pilotage, logiciels de calibration automatique, alignement par vision assistée…
On est encore loin de l’outil tout-terrain pour macro-photographe amateur.
Mais la rigueur de conception est impressionnante : l’alignement automatique entre les cycles de lévitation, de capture, de rotation et de traitement permet de générer une base de données d’images 3D exploitables sans intervention humaine.
De quoi nourrir les collections numériques des musées, les algorithmes de classification automatique, ou les projets pour la recherche taxonomique.
Une idée qui fait son chemin dans la communauté
Chez les photographes spécialisés en macro, l’info n’est pas passée inaperçue.
Sur les forums, certains s’interrogent et se voient déjà en train de bricoler leur propre système avec des modules à ultrasons Arduino (un système à plus bas coût).
Pour documenter des spécimens sans les altérer, notamment pour tous les entomologistes de terrain, cela pourrait être une solution.
La question reste ouverte, mais une startup berlinoise serait déjà en train de plancher sur une version miniaturisée, à destination des musées d’histoire naturelle et des labos d’identification rapide.
Une avancée pour inventorier la biodiversité
Derrière l’effet “science-fiction”, cette avancée ouvre des perspectives concrètes pour la documentation du vivant. On estime en effet qu’au moins 70 % des espèces d’Insectes sur la planète restent à découvrir.
Une plateforme de photographie 3D sans contact permettrait d’accélérer la numérisation des collections, de réduire l’altération des spécimens rares, et d’offrir aux chercheurs un outil fidèle pour l’analyse morphologique automatisée.
Alors oui, on est encore dans un contexte de laboratoire ultra-équipé. Mais l’idée est lancée. Et comme souvent en science, ce qui semble réservé aux chercheurs aujourd’hui pourrait devenir, demain, un accessoire de studio. Une petite révolution en suspens, au sens littéral.
0 commentaire(s)