Photo © Andrew James / Sigma
Les super super-télés ouvrant à f/4 comme le nouveau Sigma 300-600 DG OS Sports sont des objectifs généralement réservés aux pros qui peuvent signer des chèques à cinq chiffres (ou qui ont accès au parc optique d’une agence).
Ces fameux 600 mm lumineux, c’est l’Olympe de la photographie nature et sportive. Le genre de matériel qui vous fait soupirer devant votre écran et en regardant votre 150–600 F/5.6-6.3.
Mais en ce printemps 2025, Sigma a décidé de renverser la table avec un objectif unique : 300–600 mm f/4 DG OS Sports. Un zoom puissant, lumineux, annoncé à quasiment la moitié du prix habituel des focales fixes équivalentes.
Avec une promesse audacieuse : offrir la polyvalence d’un zoom, la qualité optique d’un fixe pro, tout en faisant fondre les tarifs.
Trop beau pour être vrai ?
Derrière l’effet d’annonce et les fiches techniques spectaculaires il y a en effet une vraie question pour les passionnés : ce monstre blanc de près de 4 kg est-il vraiment le début de la démocratisation des optiques d’exception, ou restera-t-il comme les autres un rêve inaccessible aux amateurs, réservé à une poignée de photographes prêts à sacrifier leur PEL (et leurs lombaires) ?
Alors avant de craquer ou de renoncer définitivement, faisons le point : à qui s’adresse vraiment ce nouveau super-télé signé Sigma, et cette démocratisation annoncée est-elle réelle ou n’est-ce qu’un gros coup isolé de Sigma ?
Sur le papier, un monstre à prix (presque) doux

Une fiche technique qui ne rigole pas
À première vue, ce 300–600 mm a tout du gros objectif sérieux. Pas une version édulcorée d’un super-télé à f/4. Un vrai monstre de terrain, taillé pour les conditions difficiles et les usages exigeants.
Voici ce qu’il aligne :
- Plage focale : zoom de 300 à 600 mm, à ouverture constante de f/4.
- Construction : série Sports oblige, tropicalisation complète, joints de protection et barillet en alliage de magnésium.
- Stabilisation optique : OS 3 axes, avec 3 modes personnalisables.
- AF : moteur HLA (High-response Linear Actuator), silencieux, rapide, compatible avec les rafales haute vitesse.
- Poids : 3,95 kg (collier compris), 4,1 kg avec pare-soleil.
- Prix annoncé : 6 999 € TTC.
Une vraie brique, oui. Mais une brique conçue avec sérieux et pensée pour encaisser.
Mais au-delà des chiffres et des lentilles, ce qui fait rêver, c’est cette ouverture à f/4. Et pour de bonnes raisons…
Pourquoi le f/4 fait rêver sur un 600 mm ?

Parce que ça change tout. Pas un peu. Pas dans les coins. Partout.
Un 600 mm à f/4, ce n’est pas juste un télé un peu plus lumineux. C’est une machine à sculpter la lumière. Un outil qui transforme les arrière-plans en peinture, qui écrase les distances, qui isole le sujet comme aucun f/6.3 ne le pourra jamais. Même en plein jour, même à 100 mètres. C’est un rendu, une signature.
Et puis il y a le nerf de la guerre : la lumière. F/4, c’est un stop et demi de gagné face aux zooms animaliers classiques. Ce stop-là, en pleine forêt ou à la tombée du jour, il fait la différence entre 1/125e flou et 1/400e net. Entre ISO 12 800 et ISO 5 000.
Entre une image qu’on garde sans se poser de questions… et une qu’on va devoir passer dans les outils d’IA à la Topaz ou Dxo.
Ajoutez à ça une compatibilité optimale avec les téléconvertisseurs 1.4x ou 2x, sans trop sacrifier la qualité ni l’AF, et vous obtenez une bête de terrain. Un 840 mm à f/5.6, un 1200 mm à f/8. Utilisable. Exploitable. Précis. Pas juste théorique.
Alors oui, ça pèse. Oui, ça coûte. Mais un f/4 sur un 600, ce n’est pas un caprice. C’est une promesse : celle de pouvoir saisir l’instant le plus furtif, sans compromis. Et ça, quand on photographie le vivant, ça fait la différence.
Ce que ça veut dire concrètement
Un 300–600 mm f/4, c’est rare. Presque unique. Surtout à ce tarif. En face, pour avoir 600 mm f/4, il faut aller taper chez Canon, Nikon ou Sony… avec un fixe, pour 13 000 à 14 000 €. Ici, Sigma propose :
- La polyvalence du zoom : cadrage plus souple, suivi plus flexible, adaptation rapide sur le terrain.
- La luminosité d’un pro : f/4 constant sur toute la plage = suivi AF rapide, flous d’arrière-plan marqués, meilleure performance en basse lumière.
- Un tarif presque divisé par deux : même si 7 000 €, c’est loin d’être accessible, on reste sur une proposition « raisonnable » au regard de ce que coûte habituellement ce genre de bête.
Tableau comparatif éclair
Objectif | Type | Ouverture | Plage focale | Poids | Prix moyen |
---|---|---|---|---|---|
Sigma 300–600 mm f/4 | Zoom | f/4 | 300–600 mm | 3,95 kg | 6 999 € |
Sony 600 mm f/4 GM OSS | Fixe | f/4 | 600 mm | 3,04 kg | 14 000 € |
Nikon Z 600 mm f/4 TC x1.4 | Fixe avec multiplicateur | f/4 | 600 mm (+ TC x1.4 intégré) | 3,26 kg | 16 000 € |
Canon RF 600 mm f/4 | Fixe | f/4 | 600 mm | 3,09 kg | 15 000 € |
Moralité : pour la moitié du prix d’un fixe, vous avez chez Sigma un zoom tout-terrain, tout en gardant l’ouverture pro.
Mais ce n’est pas un poids plume
Avec 4 kg sur la balance, on est dans la catégorie des optiques à trimballer avec une bonne sangle… et des lombaires solides. Trépied, monopode, affût fixe pour l’animalier.
Pour certains, ce sera trop. Pour d’autres, ce sera une concession logique à faire pour accéder à une plage focale et une qualité optique jusqu’ici réservées aux pros.
Retours terrain : qualité validée par les premiers testeurs

Ce que disent les anglophones : un zoom qui joue dans la cour des fixes
Le premier à dégainer, c’est PetaPixel, qui annonce la couleur :
« Sigma has achieved something remarkable here. The 300-600mm f/4 can genuinely replace a 600mm prime for many shooters. »
Même son de cloche chez DPReview qui n’hésite pas à sortir les grands mots :
- « Le piqué est incroyablement constant, même à 600 mm à pleine ouverture. »
- « Le bokeh est doux, pas de nervosité, même en arrière-plan complexe. »
Tout en notant cependant que « l’AF est rapide, mais pas au niveau des optiques Sony natives, surtout en basse lumière. »
En résumé :
- ✅ Qualité optique bluffante, proche d’un 600 mm fixe haut de gamme.
- ✅ Zoom sans compromis : pas de point faible optique planqué entre 400 et 500 mm, c’est net tout le temps.
- ⚠️ AF rapide mais pas infaillible sur sujet très mobile.
- ⚠️ Poids toujours présent, difficile à exploiter sans appui.
🇫🇷 Ce qu’en pensent les francophones : entre enthousiasme et lucidité
Côté français, Les Guides Sony, Phototrend et Image & Nature dans leur dernier numéro ont aussi pris en main le monstre. Le verdict est nuancé, mais clair : c’est du sérieux.
Ce qui revient le plus souvent :
- Piqué au top, même à 600 mm et f/4 : les testeurs saluent une vraie performance de résolution.
- Bokeh naturel, pas de distorsion visible, pas d’aberration chromatique notable.
- Finition premium : le fût inspire confiance, la bague de zoom est fluide, les options de personnalisation sont nombreuses (boutons, bague dédiée) et bien pensées.
Mais tous rappellent que le poids change la donne. On n’est pas sur une optique de rando. C’est une optique d’affût, de piste, de stade. Une optique où on s’installe pour travailler. Si vous comptez shooter à main levée pendant deux heures, bon courage.
Autre bémol relevé en monture Sony : pas de compatibilité avec les téléconvertisseurs. Et ça, c’est bien dommage pour un objectif qui s’accordera très bien avec les TC x1,4 voire x2.
Verdict terrain
Pour un premier tour de piste :
- Le niveau de piqué est du même niveau que celui des focales fixes deux fois plus chères.
- Le bokeh et la restitution des détails le placent parmi les objectifs les plus impressionnants de la gamme Sports.
- Mais son poids et la gestion des accessoires (téléconvertisseurs absents, adaptabilité partielle en montures Sony) rappellent qu’on n’est pas encore dans un monde parfait.
Cas d’usage concret : ce Sigma 300–600 mm sur le terrain, ça donne quoi ?

Animalier : le couteau suisse des longues focales
C’est là que l’objectif joue sa carte maîtresse. La plupart des testeurs s’accordent : ce Sigma a été pensé pour les photographes animaliers, ceux qui jonglent avec les distances, les lumières difficiles et les sujets imprévisibles.
Pourquoi ça marche :
- 300–600 mm, c’est la plage parfaite pour la photo de mammifères et d’oiseaux, en forêt comme en plaine.
- Ouverture f/4 constante, utile dès que la lumière baisse (aube, crépuscule).
- Zoom = détection du sujet et cadrage rapide sans bouger du spot, idéal en affût.
Mais qu’il faut garder en tête :
- 4 kg, c’est lourd. Sans monopode, les longues séances à main levée vont être compliquées.
- En animalier, le trépied ou l’affût fixe deviennent presque obligatoires.
- La stabilisation est bonne, mais pas magique.
Sport et action : puissance et réactivité, avec une ombre au tableau
L’autre terrain de jeu du 300–600 mm, c’est le sport. Terrain, piste, pelouse, ring ou circuit : là où les sujets se déplacent vite et où la marge de cadrage est fine.
Les gros points forts :
- Le zoom évite de rater l’action : on cadre large, puis on resserre.
- L’AF rapide suit bien les mouvements, surtout avec les boîtiers récents.
Le hic sur Sony :
- Rafale bloquée à 15 i/s sur A1 ou A9II, à cause des limitations que Sony impose aux fabricants tiers. Frustrant, surtout pour les pros du sport qui tablent sur 20 i/s voire plus.
- Pas de téléconvertisseur Sigma compatible = pas de 840 mm f/5.6.
Cela dit, si vous êtes sur L-Mount, ce problème disparaît.
Aviation & meetings aériens : taillé pour les filés musclés
Ce genre de télé, c’est le rêve des spotters. 600 mm f/4 + stabilisation = parfait pour suivre un avion en vol, un hélico en rotation ou une patrouille en passage rasant.
- Le mode OS 2 de stabilisation est pensé pour les filés.
- À 600 mm, l’ouverture f/4 permet de garder une vitesse assez basse sans sacrifier les ISO.
- La polyvalence 300–600 mm permet de shooter aussi bien les décollages lointains que les passages plus proches sans devoir changer d’optique.
Concerts, spectacles et événementiel : la niche de la niche
C’est sans doute le cas d’usage le plus marginal… mais pas absurde.
- Dans des stades ou de grandes scènes, l’objectif peut servir à isoler un artiste lointain, même depuis les gradins.
- En festivals nature, foires animalières ou événements en extérieur, la plage focale permet de shooter sans être au premier rang.
Mais soyons clairs :
- L’encombrement est rédhibitoire pour une fosse de concert ou une salle étroite.
- À main levée, c’est quasi infaisable sauf si vous êtes haltérophile amateur.
Résumé par cas d’usage :
Usage | Pertinence | Forces | Limites |
---|---|---|---|
Animalier | ⭐⭐⭐⭐☆ | Piqué, zoom, f/4 | Poids, trépied indispensable |
Sport | ⭐⭐⭐☆☆ | Flexibilité, AF rapide | Rafale bridée sur Sony |
Aviation | ⭐⭐⭐⭐☆ | Stabilisation, cadrage souple | Poids |
Concerts / Events | ⭐⭐☆☆☆ | Portée, bokeh | Encombrement |
Ce qu’en pensent les photographes : entre enthousiasme et réalisme

Sur les forums spécialisés, les groupes Facebook ou Reddit, l’annonce du Sigma 300–600 mm f/4 a réveillé les claviers. Il y a ceux qui rêvent tout haut, ceux qui ironisent, et ceux qui prennent leur calculette.
“Enfin un super-télé qu’on peut envisager…”
Chez les photographes animaliers et naturalistes, les premiers commentaires vont droit au but :
- « Un 600 mm f/4 à ce prix-là, je ne pensais pas voir ça un jour. »
- « Si la qualité est au rendez-vous, ça peut remplacer mon vieux 500 mm fixe. »
Les habitués des longues focales à f/6.3 voient dans ce Sigma une chance de monter en gamme sans vendre leurs deux reins (un seul suffira). Beaucoup saluent :
- La plage focale ultra-pratique,
- La promesse d’une vraie optique pro,
- Et surtout, un prix qui, bien que costaud, reste deux fois inférieur aux ténors du marché.
…mais pas pour tout le monde
Certains photographes remettent immédiatement les pieds sur terre :
« 7 000 balles et 4 kilos… C’est pas démocratique, c’est juste moins élitiste. »
« Ce n’est pas le prix qui me gêne, c’est de devoir emmener une brouette pour le trimballer. »
Sur AlphaDxD, Chassimages ou DPReview, le poids revient dans quasiment tous les fils de discussion. Et la conclusion est souvent la même : il faut vraiment avoir l’usage et la condition physique pour exploiter ce genre d’engin.
Autres points soulevés :
- L’absence de compatibilité avec les téléconvertisseurs Sigma en monture Sony est jugée incompréhensible.
- L’encombrement, encore et toujours, est vu comme un obstacle pour la polyvalence terrain.
- Le design blanc ne fait pas l’unanimité. Pour certains, c’est trop “Canon-like”. Pour d’autres, au contraire, Sigma assume enfin un look pro.
Et comme toujours, l’ironie veille
Quelques perles glanées ici et là :
- « Enfin un zoom à 4 kg qui me fera passer pour un photographe de foot en Ligue 1 même en shootant des moineaux. »
- « Le rêve : qualité d’un fixe, poids d’un âne mort, prix d’un scooter. »
- « Il manque juste la rotule de chantier offerte avec. »
Pas une révolution, mais une vraie nouvelle option
Chez les photographes sérieux, l »accueil est plus rationnel :
- Ce n’est pas l’objectif du “grand public”, ni celui des amateurs du dimanche.
- Mais pour les photographes qui ont déjà un usage régulier des très longues focales, c’est une opportunité unique d’accéder à de la qualité pro, sans basculer dans la démesure financière.
face aux télézooms abordables, que vaut vraiment ce Sigma ?
Le Sigma 300–600 mm f/4 n’arrive pas dans un marché vide. En face, des zooms longues focales plus modestes, plus légers, et surtout beaucoup plus abordables, trustent déjà les sacs photo des amateurs experts.
Alors, comment ce nouveau venu se positionne-t-il face aux best-sellers du moment ?
🎯 Les concurrents en ligne de mire
Voici les trois références que les photographes comparent le plus souvent à ce Sigma :
Objectif | Plage focale | Ouverture | Poids | Prix moyen | Montures |
---|---|---|---|---|---|
Sony 200–600 mm G OSS | f/5.6–6.3 | Zoom | 2,1 kg | 1 900 € | Sony E |
Nikon Z 180–600 mm VR | f/5.6–6.3 | Zoom | 2,1 kg | 2 100 € | Nikon Z |
Canon RF 200–800 mm | f/6.3–9 | Zoom | 2,05 kg | 2 400 € | Canon RF |
Sigma 300–600 mm | f/4 constant | Zoom | 3,95 kg | 6 999 € | Sony E / L-Mount |
Trois fois plus cher, deux fois plus lourd… mais ?
Oui, le Sigma est :
- Trois fois plus cher 💸,
- Deux fois plus lourd,
- Moins polyvalent en plage focale (pas de 180, pas de 800 mm).
Mais il offre trois atouts qu’aucun des autres ne peut aligner :
- Ouverture f/4 constante
→ Meilleure gestion des basses lumières, des sujets rapides, de l’AF et de la profondeur de champ. - Qualité optique “pro”
→ Piqué maximal dès f/4, et pas de coup de mou dans les focales intermédiaires. - Construction haut de gamme
→ Série Sports = tropicalisation renforcée, bagues précises, nombreuses personnalisations possibles.
Est-ce que ça justifie l’écart de prix ?
Pas pour tout le monde. Voici un résumé de ce qu’on pourrait conseiller :
Profil de photographe | Choix raisonnable | Pourquoi |
---|---|---|
Naturaliste débutant / amateur avancé | Nikon 180–600 ou Sony 200–600 | Moins lourd, bien plus accessible, largement suffisant pour 90 % des situations |
Voyageur / photographe nomade | Canon 200–800 | Grande plage focale, bonne compacité |
Photographe pro ou expert exigeant | Sigma 300–600 f/4 | Pour les besoins spécifiques : lumière faible, piqué extrême, contraintes pro |
Utilisateur hybride (animalier + sport + event) | À nuancer selon la monture | Le Sigma impressionne, mais impose une vraie logistique |
Et pour deux fois le prix, qu’apporte le Sigma 300–600mm f/4 face au Sigma 60–600 mm f/4.5-6.3 ?

Le Sigma 60–600 mm f/4.5–6.3 DG DN OS Sports est une optique déjà bien connue des photographes nature. Plus polyvalent, bien plus léger, et surtout plus de deux fois moins cher (environ 2 500 €), il pose une vraie question : pourquoi dépenser 7 000 € pour le 300–600 mm f/4 ?
Caractéristique | Sigma 60–600 mm | Sigma 300–600 mm |
---|---|---|
Plage focale | 60–600 mm | 300–600 mm |
Ouverture maximale | f/4.5–6.3 | f/4 constante |
Poids | 2,5 kg | 3,95 kg |
Prix public | ~2 500 € | 6 999 € |
Le 60–600 mm reste un excellent choix pour le photographe polyvalent qui veut couvrir toutes les situations sans changer d’objectif, tout en restant en dessous des 3 kg et dans un budget plus raisonnable.
Mais le 300–600 mm, lui, joue dans une autre cour : celle de la performance pure. Un f/4 constant, un piqué de très haut niveau dès la pleine ouverture, une construction plus robuste… Ce n’est pas un zoom à tout faire. C’est une optique pro, taillée pour les conditions extrêmes où chaque stop de lumière, chaque point d’AF et chaque millimètre de netteté comptent.
Alors oui, c’est deux fois plus cher. Mais c’est aussi deux fois plus spécialisé.
À vous de voir si vous avez besoin d’un bon couteau suisse qui se glisse toujours dans la poche… ou d’un sabre de samouraï (qui pourrait bien rester accroché au dessus de la cheminée).
Ce qu’il faut retenir
Le Sigma ne remplace pas les télézooms classiques. Il crée un nouvel espace : celui d’un super-télé “accessible”… pour les photographes qui savent pourquoi ils en ont besoin.
Pas un outil de progression. Pas un zoom de balade. Mais un outil ultra spécialisé, capable d’exceller dans un cadre bien défini. Le genre d’objectif qui ne pardonne pas l’achat impulsif.
Quel boîtier on lui colle au bout ?
Un objectif comme le Sigma 300–600 mm f/4 DG OS Sports, ça ne se choisit pas à la légère. Et forcéùent ce type de télé mérite un boîtier capable de suivre la cadence : AF réactif, rafale costaud, bonne gestion du rolling shutter et ergonomie béton.
Mais comme le Sigma n’existe pour l’instant qu’en monture L et monture Sony E, la question de l’appareil devient stratégique. Surtout si vous êtes chez Canon ou Nikon.
Convertisseurs : un point pour Lumix
Si vous lorgnez sur le 300–600 mm en monture L (Panasonic, Sigma, Leica), voici une bonne nouvelle : les téléconvertisseurs Sigma TC-1411 (1,4×) et TC-2011 (2×) sont pleinement compatibles. Autofocus conservé, piqué maintenu, portée boostée… On peut donc grimper jusqu’à 1 200 mm à f/8. Un bon point pour les nouveaux Lumix S sortis récemment.
Parce que côté monture Sony, c’est la douche froide. Incompatibilité totale avec les téléconvertisseurs Sigma actuels. Aucun moyen d’aller plus loin que les 600 mm d’origine, ce qui peut faire grincer quelques dents.
Si vous voulez étendre la plage focale avec les convertisseurs, la monture L prend l’avantage.
Monture Sony E : le choix du ratio performance / compatibilité

Le Sigma en monture Sony E fonctionne en natif, sans bague, sans bidouille. L’autofocus est bon, même si pas (encore) au niveau des optiques Sony G Master, en particulier en suivi. Mais la faute à Sigma ou à Sony qui le limite ?
Les boîtiers Sony à lui associer :
- Sony A1 : 30 i/s, AF redoutable, capteur empilé haute définition. Un combo ultime pour l’animalier pro ?
- Sony A9 III : rafale de dingue et obturation globale sans rolling shutter, ergonomie sport, autofocus de compétition. Le boitier sport de chez Sony.
- Sony A7R V : 61 Mpx pour exploiter le piqué de l’optique, AF IA avancé. Idéal pour les photographes exigeants qui n’ont pas peur de faire craquer leurs disques durs.
- Sony A7 IV : plus abordable et toujours une référence en 2025, un très bon compromis pour les passionnés experts.
Limite connue : comme souvent avec les optiques tierces, la rafale est bridée : 15 i/s max sur l’A1 et l’A9, même en obturateur mécanique. Pour certains pros, c’est rédhibitoire.
Monture L : le terrain des outsiders (Lumix, Leica, Sigma)
Le Sigma en monture L fonctionne là aussi en natif. L’AF est bon, parfois un peu moins véloce que chez Sony selon certains tests. Les meilleurs appareils candidats peuvent être :
- Panasonic Lumix S5 II : stabilisation 5 axes, AF hybride à détection de phase, excellent rapport qualité/prix.
- Panasonic Lumix S1H : si vous faites aussi de la vidéo pro.
- Leica SL2 / SL2-S : construction premium, colorimétrie Leica, mais AF moins nerveux. Pas forcément le combo idéal, mais si vous ne pouvez pas vous passer d’un Leica ça devrait faire le job.
Remarque : chez Leica, les performances AF restent un cran en dessous. Et les prix peuvent faire grimacer, surtout en usage terrain un peu exigeant.
Canon RF : pas de monture native, options limitées
Le Sigma 300–600 mm n’existe pas en monture RF. Et mauvaise nouvelle : aucune bague d’adaptation E-mount → RF fonctionnelle ne permet à ce jour d’utiliser cette optique sur un Canon EOS R5 II, R6 II ou R7.
Il existe bien des bagues Megadap ou Viltrox pour d’autres conversions, mais rien de vraiment fiable ni officiellement supporté pour ce cas de figure précis.
Pour les Canonistes, deux options seulement :
- Attendre une hypothétique version RF (pour les calendes grecques ?)
- Changer de système si ce genre de téléobjectif devient prioritaire.
À noter : même le très bon Canon R7 (APS-C) qui irait à merveille ne peut actuellement pas tirer parti de ce Sigma, sauf à abandonner totalement la compatibilité native — un choix malheureusement peu réaliste.
Nikon Z : adaptation possible… mais risquée
Pas de monture Z non plus pour ce Sigma. Il existe bien des bagues d’adaptation comme la Megadap ETZ21 Pro, qui permet de monter une optique Sony E sur un boîtier Nikon Z (Z6 II, Z8, Z9).
Mais attention :
- AF parfois instable en suivi (tracking moins fiable)
- Ergonomie non native (absence de personnalisation des boutons, stabilisation partielle)
- Risques de bugs lors des mises à jour
En clair : ça fonctionne, mais pas pour un usage professionnel ou exigeant auquel se destine l’objectif. Les performances sont trop aléatoires pour justifier un tel investissement.
Un objectif qui pourrait faire changer de crémerie ?
Clairement, oui.
Le Sigma 300–600 mm f/4 est une optique qui peut à elle seule justifier une bascule de système. Pour un photographe animalier ou de sport qui cherche une alternative pro aux 600 mm f/4 à 14 000 €, les systèmes Sony E et Lumix L sont aujourd’hui les seuls terrains viables.
Chez Canon et Nikon, les blocages liés aux montures RF et Z rendent l’adoption de ce Sigma quasi impossible sans changement d’écosystème.
Le message est clair : si ce téléobjectif vous fait de l’œil… il faudra peut-être revoir tout votre équipement.
Conclusion : un bijou optique… mais pour qui ?
Le Sigma 300–600 mm f/4 DG OS Sports, ce n’est pas un gadget. Ni un simple “zoom un peu meilleur”. C’est un outil de production. Un objectif de niche, pensé pour ceux qui vivent — ou presque — avec un super-télé à la main.
Techniquement, il impressionne. Piqué, bokeh, construction, ouverture… Tout respire le sérieux et la performance. Pas de compromis.
Mais ce niveau d’exigence a un prix. Et un poids. Et des contraintes.
Alors, démocratisation ? Pas vraiment. À 7 000 € et 4 kg, on est encore loin de la photo nature en claquettes et sac à dos. Mais c’est une fracture nette dans le marché, un message envoyé aux géants : on peut proposer du très haut de gamme à moins de cinq chiffres, sans sabrer la qualité.
Ce Sigma, c’est une offre sérieuse pour un public sérieux. Une nouvelle voie, entre les zooms sages à f/6.3… et les monstres inaccessibles qui viennent de prendre un coup de vieux.
Alors une démocratisation, oui — mais pour une « élite élargie », pas pour la majorité.
Excellent article. Merci !
Décidément le nouveau Sigma 300-600 n’est pas pour tous les portefeuilles
J’ai un boîtier Sony Cinema FX30 et Sigma 28-70 F2.8 et je suis très satisfait du rendement qu’il offre légèreté luminosité constante
J’ai filmé ma petite fille qui participait à la chasse aux Cocos de Pâques dans un parc j’ai fait le montage vidéo sans aucune modification des couleurs un véritable bonheur. J’ai une chaîne YouTube.
Merci d’avoir pris le temps de me lire
C’est Tjr instructif et efficace vos analyses
Merci beaucoup