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Macrophotographie : les 3 méthodes pour obtenir des photos nettes

En macrophotographie les photos nettes sont souvent largement minoritaires.

Si de retour d'une séance macro votre carte SD croule sous les photos au mieux "pas très piquées", au pire complètement floues, ne baissez pas les bras c'est normal.

Pas facile en effet de surmonter les trois grandes causes de flou que vous pouvez rencontrer en photo macro :

  • Flou de mise au point
  • Flou de bougé du sujet
  • Flou lié de vos propres mouvements.

Ces deux dernières causes de flou sont dues à une vitesse trop basse. Pas si difficile à régler.

Pour le flou de mise au point, c'est un peu plus compliqué. C'est le focus qui à été fait ailleurs qu'à l'endroit que vous avez choisi. Un grand classique en macro. C'est à lui qui vous allez tordre le cou une bonne fois pour toutes avec cet article (et en vous entraînant un peu, l'honnêteté m'oblige quand même à le préciser).

Macrophotographie floue : la mise au point n'est pas bonne.

Mise au point typiquement ratée sur cette petite guêpe : les pattes et l'aile gauche de l'insectes sont nettes, mais le corps et la tête sont flous. La mise au point a été faite quelques millimètres trop en avant...


Tout d'abord, quand vous regardez le liveview de votre appareil photo et que votre macrophoto est floue, comment savoir que c'est la netteté qui n'est pas bonne ? Avant d'appliquer le remède, encore faut-il poser le bon diagnostique 😉

En général, une macrophoto dont la netteté est gâchée par un flou de bougé est floue absolument partout. Le sujet est flou à cause du bougé, et l'environnement est flou à cause de la faible profondeur de champ.

Sur une macrophoto affectée uniquement par un flou de mise au point, il existe au contraire un endroit net dans la photo. Mais cette zone nette est trop en avant ou trop en arrière par rapport au point précis que vous visiez (souvent la tête voire les yeux de votre sujet).

Donc si vous repérez que cette zone nette mal placée existe bien dans la photo, c'est que le flou est un flou de mise au point.

Et c'est là qu'une spécificité de la macrophoto rend les choses un peu compliquées.

En effet, plus le rapport de grandissement de votre sujet est important plus la profondeur de champ se rétrécit.

Pour le dire simplement : plus vous grossissez l'insecte ou la petite bestiole que vous voulez immortaliser, plus les flous d'avant et d'arrière-plan sont prononcés. J'en vous en parle aussi en détails dans cet article : Le bokeh en photo : comment obtenir un beau flou d’arrière-plan.

Aux rapports de grandissement importants permis par les objectifs macro, la zone sensée être nette peut descendre sous le millimètre de profondeur.

Pas toujours simple donc de repérer cette zone même lorsqu'elle est bien présente, mais pas au bon endroit.

Macro photo de bousier avec une très faible profondeur de champ autour de la zone de mise au point

Sur cette macro photo de bousier réalisée à pleine ouverture (diaphragme ouvert à f/2.8) la profondeur de champ est réduite à quelques millimètres autour de la zone de mise au point.

L'écran de votre appareil photo est souvent un peu petit pour examiner précisément les choses, et je vous conseille donc de ne pas hésiter à zoomer à fond dans vos images pour vérifier la netteté et déterminer l'origine d'un éventuel flou.

Cela vous évitera aussi des déconvenues une fois la photo affichée en grand sur l'ordinateur 😉

OK, maintenant que vous savez repérer un flou de mise au point, comment y remédier ?

Eh bien en choisissant la bonne méthode de mise au point et en la réalisant correctement. C'est parti :


Méthode 1 : mise au point macro en "va et vient".


Cette antique technique de mise au point macro est de loin la plus précise et la plus rapide. Elle est adaptée avant tout à la macrophoto à main levée.

Elle s'utilise en mode de mise au point manuel.

Choisissez d'abord votre rapport de grandissement : la taille que vous voulez donner à votre sujet dans l'image (ce qui revient à faire une mise au point grossière et rapide avec la bague de l'objectif).

Puis, ne touchez plus à rien sur l'objectif.

Affinez simplement la mise au point en vous déplaçant légèrement d'avant en arrière.

Je vous ai fait une petite animation (très exagérée !) pour illustrer le principe :

C'est vraiment la méthode numéro 1 à essayer dès que les rapports de grandissement augmentent fort.

Ce sont des situations en macro où l'autofocus risque soit de patiner soit de faire la mise au point un peu n'importe où.

Et surtout, même s'il venait à fonctionner, l'autofocus est beaucoup moins réactif et précis que vous ne pouvez l'être en mode manuel.

Donc si vous ne l'utilisez pas déjà, foncez tester cette manière de faire.

Surtout que le "focus-peaking" proposé par les appareils photo récents rend cette technique du "va et vient" encore plus intéressante qu'avant.

Le focus peaking c'est quoi ?

Il s'agit de la possibilité de faire apparaitre en direct dans le viseur ou sur l'écran arrière de l'appareil photo les zones nettes d'une image que vous vous apprêtez à prendre. Concrètement, il s'agit de lignes de couleur vive en surbrillance sur la scène et qui se déplacent pour coller à la zone de focus. Vous pouvez ainsi voir en temps réel l'endroit qui sera net sur votre macrophoto.

Pour profiter du focus peaking si vous avez un hybride ou un reflex récent, il faut activer la fonction dans les paramètres d'affichage ou de mise au point. Elle s'appelle par exemple "paramètres de repères MF" chez Canon et "mise en relief de la mise au point" chez Nikon.

Si toutes les marques pouvaient juste appeler ça focus peaking ce serait plus simple, mais bon...

Enfin, quand vous utilisez cette bonne vieille manière de faire la mise au point en macro, je vous conseille aussi de lancer une petite rafale. Histoire d'assurer le coup.


Méthode 2 : la mise au point manuelle avec la bague de l'objectif.


C'est la méthode incontournable lorsque vous choisissez d'utiliser un trépied.

Dans toutes les autres situations, en macrophoto faire la mise au point manuellement avec la bague dédiée sur l'objectif c'est souvent la galère. Ça prend du temps et ce n'est pas toujours pratique vu les positions qu'il faut parfois tenir.

En plus, quand vous tournez la bague vous risquez aussi de modifier involontairement le cadrage.

Bref, pour un sujet macro en mouvement ou susceptible de se mettre à bouger, faire la netteté uniquement avec la bague de mise au point de l'objectif, c'est se préparer à un carnaval de photos floues. Parce ce qu'en macro, cette bague ne sert pas vraiment à ajuster la netteté. C'est paradoxal, je sais 😉

C'est une des confusions les plus courantes chez les amateurs de portraits de petites bêtes. Ça peut vous transformer une sortie macro en une séance passablement frustrante.

Pour comprendre, regardez : sur de nombreux objectifs macros vous avez des informations de rapport de grandissement qui s'affichent lorsque vous tournez cette fameuse bague de mise au point, et pas seulement des indications de distance.

Objectif macro Sigma 70 mm Art avec repère de grandissements

Exemple avec l'objectif macro Sigma 70 mm Art avec ses repères de rapports de grandissements.

Les deux paramètres sont étroitement liés : plus vous réduisez la distance de mise au point plus le rapport de grandissement augmente. Et quand en photo macro vous choisissez une distance de mise au point, c'est avant tout le rapport de grandissement de votre sujet que vous fixez.

Si ces notions de distance de mise au point et de rapports de grandissement vous passent au-dessus de la tête, retenez juste que concrètement :

  • La bague de mise au point est à actionner en premier pour choisir la taille que va occuper votre sujet dans l'image : vous cadrez tout en tournant la bague jusqu'à obtenir un sujet à peu près net et à la taille voulue.
  • Une fois cette taille obtenue et la première mise au point grossière effectuée, vous ajustez la netteté en faisant des "va et vient".

Là encore l'activation du focus-peaking, si votre appareil photo en dispose, sera d'une grande aide.

Le rapport de grandissement c'est quoi ?

le rapport de grandissement est la relation entre la taille réelle de votre sujet et la taille de son image sur le capteur de votre appareil photo.

Prenons par exemple une abeille de 1 cm de long.

Si vous vous approchez assez pour que son image fasse aussi 1 cm sur votre capteur, vous êtes au rapport 1:1.

Si par contre vous êtes un peu plus loin et que l'image de cette même abeille projetée sur votre capteur ne mesure que 0,5 cm alors vous êtes au rapport 1:2.

Si vous vous éloignez encore et que son image sur le capteur n'est plus que de 0,33 cm, alors vous êtes au rapport 1:3.

Attention, ces rapports sont indépendants de la taille de votre capteur : que vous possédiez un capteur full-frame de 36 mm de long, un APS-C de 23 mm ou encore un micro 4/3 de 17 mm, au rapport 1:1 l'image de l'abeille sera toujours "taille réelle" sur le capteur, soit 1 cm dans notre exemple.

Mais comme la longueur du capteur varie d'un modèle d'appareil photo à l'autre, la place occupée par l'abeille dans l'image à ce même rapport 1:1 ne sera pas la même.

Elle occupera près de la moitié de la longueur de l'image avec un appareil APS-C (10 mm pour l'abeille à placer dans les 23 mm de longueur du capteur) alors qu'elle représentera moins du tiers de la longueur de l'image avec un capteur full-frame (10 mm à comparer aux 36 mm du capteur).

C'est un peu confusant mais c'est logique : pour un même rapport de grandissement, la "grosseur" du sujet dans la photo finale varie d'un appareil à un autre, en fonction de la taille du capteur...

Méthode 3 : l'autofocus en photo macro ?

Ah, l'autofocus... Souvent à la ramasse en macrophotographie, peut-il vraiment être utile pour photographier les insectes et autres très petits sujets ?

Eh bien oui, il y a deux situations dans lesquelles je lui trouve personnellement des vertus.

En "proxiphotographie" à main levée tout d'abord. Quand le rapport de grandissement oscille entre 1:3 et 1:2, ça peut être la solution simple et confortable.

À ces niveaux de grandissement la profondeur de champ est souvent plus sécurisante qu'à de forts rapports (pour peu que vous fermiez un peu le diaphragme quand même). La précision de l'autofocus est alors suffisante pour faire la netteté rapidement et de manière assez fine.

Vous faites le point avec l'AF en mode single (AF-S ou one-shot en fonction des marques), vous recadrez, vous déclenchez. La routine habituelle. C'est facile, pas de prise de tête. La photo plaisir.

Alors bien sûr, c'est alors plus compliqué de peaufiner votre cadrage ou d'éloigner une herbe gênante dans la composition quand quand vous faites la mise au point avec l'autofocus AF-S/one shot : votre mise au point est à ce moment là verrouillée et vous avez le doigt crispé à mi-course sur le déclencheur.

Mais ça marche, vous aurez des photos nettes. Ou au moins sans flou de mise au point.

Ensuite, l'AF peut être utile pour photographier des insectes en vol. C'est plus rock n' roll et le taux de déchet peut atteindre des niveaux indécents, mais ça fonctionne :

Là c'est avec le mode autofocus continu (AF-C, ou servo chez Canon) que vous allez pouvoir tester la chose.

Éventuellement en utilisant la technique du back-button focus.

Toujours à de faibles rapports de grandissements.

Ce n'est pas forcément simple "d'accrocher" l'insecte, et encore moins de le suivre correctement, mais ça vaut le coup d'essayer.

Les résultats peuvent être spectaculaires, surtout si vous avez un hybride qui conservera plus facilement le focus sur l'insecte pendant vos rafales (car oui, vous avez intérêt à ne pas déclencher au coup par coup !).

Allez lire également :

Comment faire des photos nettes et bien piquées

Découvrez dans cet articles comment réaliser à coup sûr des photos bien nettes et bien piquées grâce à 3 principes de base et 3 techniques modernes incontournables.


Voilà, vous avez désormais toutes les cartes en main pour choisir la méthode la plus adaptée à chaque situation et celle avec laquelle vous vous sentez le plus à l'aise.

Et n'oubliez pas que la macrophoto comme sa petite soeur la "proxiphotographie" sont des écoles de patiente. Pratiquez, pratiquez encore et prenez un maximum de plaisir à découvrir le petit monde des insectes et autres collemboles que la macro va vous ouvrir 🙂


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