Trouvez-vous que faire des photos nettes est souvent compliqué ? Ou bien vous avez souvent l’impression que vos photos sont un peu « molles » , que ça ne « pique » pas assez ?
Peut-être même que des images qui semblaient acceptables au dos de l’appareil s’avèrent carrément floues une fois ouvertes sur grand écran ?
Dans ces cas-là évidemment vous êtes un peu déçu·e… Peut-être même frustré·e. Pourtant vous avez passé du temps sur cette séance photo, vous vous êtes appliqué·e. Faire des photos nettes est bien le moins que vous espériez.
Et après, pas évident de partager des photos qui ne sont pas parfaitement nettes. Par exemple quand votre entourage vous lance le fameux « alors vas-y, fais voir tes photos ! ».
Heureusement les proches sont bon public et vous récoltez tout de même des compliments (cœur avec les doigts). Mais vous le savez au fond de vous : vos photos du jour ne sont pas complètement satisfaisantes.
Tout cela est normal, c'est avec les sujets « nature » qu'il est le plus compliqués de faire des photos nettes. Avec la photo de sport, c’est sans doute le thème qui provoque le plus de déchets « techniques ».
Ce serait donc bête de vous décourager pour si peu. Et puis vous ne faites pas de la photo pour être frustré mais pour prendre du plaisir et partager de belles images, pas vrai ?
Il n’y a pas de recette miracle pour faire des photos nettes à 100 %. D'ailleurs, personne n’arrive à cela. En revanche, il existe plein de bonnes habitudes, à la prise de vue et en post-traitement, pour avoir un maximum de clichés bien piqués. Et c’est ce que je vais vous expliquer dans cet article.
Faire des photos nettes va vous apporter plus que vous ne l’imaginez.
Améliorer la netteté de vos photos ne se résume pas aux images elles-même. Vous allez en tirer des bénéfices bien plus larges. C’est pour cela qu’il est important de rapidement maîtriser cette base technique, parce que dès lors :
Voici donc 6 points à appliquer pour obtenir des images truffées de détails et d’une netteté parfaite.
Installez-vous tranquillement, cet article est long et détaillé.
Il est aussi progressif. Vous allez d'abord revoir des basiques (simplistes si vous êtes un peu expérimenté·e mais indispensables à rappeler) puis trouver des techniques de plus en plus avancées.
Voici ce que vous allez découvrir (cliquez pour rejoindre un chapitre directement) :
#1. Évitez votre propre flou de bougé
Le premier défaut à écarter pour faire des photos nettes, c’est votre propre flou de bougé. Parce que oui, quand on a un appareil entre les mains, même en le serrant très fort, on bouge.
Vous allez aussi faire bouger l’appareil au moment où vous pressez sur le bouton. Sur les reflex, la remontée du miroir provoque également des vibrations qui peuvent altérer le piqué.
Et plus la focale de l’objectif est importante, plus ces petits mouvements et ces tremblements vont avoir un impact négatif sur vos images.
En gros, si vous faites un paysage au 24 mm vos tremblements auront moins de conséquences que si vous êtes en train de photographier un passereau avec un 600 mm.
Donc, si vous voulez faire des photos nettes, il ne faut pas que V O U S bougiez !
Oh le scoop… Alors d’accord ça fait un peu enfonçage de portes ouvertes, mais on en est à l’étape 1, les bases. Et puis ça ne fait jamais de mal de reposer les fondamentaux.
En plus, il ne s’agit pas simplement de faire des photos nettes dans cet article mais aussi d'optimiser le piqué. Si vous voulez tirer le meilleur de vos objectifs il faut faire la chasse à tous ces micro-mouvements qui vont dégrader le piqué final.
Commençons avec la situation que vous devez absolument éviter : être obligé de shooter à main levée dans des conditions de lumière pourries.
Mais c’est quoi une situation de lumière pourrie ?
C’est une situation dans laquelle vous choisissez une ouverture et une sensibilité qui correspondent à votre scène, mais où la vitesse qui résulte est plus lente que « un divisé par la longueur focale de votre objectif ».
La fameuse règle très empirique du vitesselimite= 1/focale.
Si par exemple vous êtes en train de photographier un paysage avec un objectif de 30 mm, la vitesse la plus lente que vous pouvez tolérer à main levée est de 1/30e de seconde. Les temps de pause plus long (1/15e s. ou 1/8 s. par exemple) vont dégrader de plus en plus le niveau de netteté de la photo. Jusqu'au flou complet.
Alors vous (ou l’appareil, si vous êtes en automatique) allez essayer d’ouvrir plus le diaphragme si vous pouvez – en perdant au passage la maîtrise de la profondeur de champs, arf ! –, ou vous allez augmenter la sensibilité ISO, avec une possible hausse du bruit numérique sur les images.
Bref, c’est la double peine. Non seulement vous allez faire une photo qui risque d’être très moyenne niveau netteté, mais en plus vous vous rajoutez des contraintes de réglages.
Voilà pourquoi vous devez tout faire pour ne PAS vous retrouver à main levée avec des vitesses aussi basses que 1/focale si vous voulez faire des photos nettes.
Si vous voulez tout de même prendre une photo dans ces conditions, voilà ce que vous pouvez faire (je vous conseille de le faire tout le temps, d’ailleurs) :
Vous l’avez compris, quand vous vous demandez jusqu’à quelle vitesse vous pouvez descendre, et que vous vous appuyez sur le premier support qui passe, c’est que vous auriez dû emmener un pied ou un monopode.
Si vous voulez faire des photos nettes quelles que soient les conditions de lumière, il vous faut au moins un des deux.

Image prise au tout petit matin, à 1/15 s avec un 200 mm. Sans le monopode, impossible d'obtenir une image nette dans ces conditions. J'étais déjà à pleine ouverture (f/2.8) et 6400 ISO.
Je suis d’accord, le pied c’est un peu encombrant et lourd pour être emporté systématiquement (même si pour le prix d’un rein on trouve aujourd’hui d’excellents trépieds carbone très faciles à transporter).
Mais franchement, le monopode ça ne pèse rien, on en trouve en alu pour moins de 30 €, et en plus ça fait un honnête bâton de marche. Vous lui collez une mini-rotule dessus et vous n’avez aucune excuse pour ne pas emmener au moins cet excellent accessoire avec vous.
Et pour une somme modique vous trouverez aussi des mini-trépieds qui permettent de sauver bien des situations. J’en ai toujours un avec moi.

Le monopode alu : léger, peu cher et polyvalent.

Le mini-trépied : se fait oublier, jusqu'à ce qu'il vous sauve la mise !
Et si vous vous voulez vraiment assurer le coup et réduire au mieux toutes les vibrations lorsque vous utilisez un pied en photo de paysage, vous pouvez aussi :
Voilà, vous savez tout pour éviter de bouger et de ruiner la netteté de vos images à cause de vos propres mouvement. Vous pouvez passer à la seconde étape :
#2. Adaptez la vitesse à votre sujet
C’est bon, vous êtes bien stable et vous avez une vitesse assez élevée pour que vos propres mouvements soient invisibles sur la photo ?
Parfait, vous devez maintenant vérifier aussi que cette vitesse est adaptée aux mouvements de votre sujet : si elle est trop basse par rapport à ses déplacements, c'est le flou assuré !
Si votre sujet bouge, vous devez obtenir une vitesse d’obturation assez élevée pour figer ses mouvements.

Il m'a fallut utiliser une vitesse de 1/4000 s pour essayer de figer ce bourdon en vol.
Il est compliqué de donner une règle simple et universelle qui permettrait à coup sûr de connaître la bonne vitesse pour figer le mouvement du sujet, car cela dépend :
Je vous donne ci-dessous quelques repères indicatifs (tirés de mon guide « Comment choisir rapidement les bons réglages et ne plus s’emmêler les pinceaux sur le terrain » que vous pouvez télécharger depuis la page d’accueil du site) :
Avez-vous remarqué que je ne parle pas de « régler » ou de « choisir » la vitesse ?
C’est parce qu’en photo nature le paramètre qu’on veut choisir en priorité est souvent l’ouverture du diaphragme, déterminante pour obtenir la profondeur de champ souhaitée. Et la vitesse vient souvent en second, comme une conséquence du choix de l’ouverture.
Beaucoup de photographes nature utilisent donc quasi exclusivement le mode A ou Av (priorité à l’ouverture) de leur appareil. Et ils procèdent ainsi :
Vous pouvez utiliser cette manière de faire, ça fonctionne très bien.
Mais il existe une technique plus directe de choisir à la fois son ouverture et sa vitesse : utilisez le mode manuel et réglez les ISO en automatique.
Les reflex et hybrides possèdent tous deux molettes de réglages. En mode manuel, la première va vous permettre de choisir l’ouverture qui correspond le mieux à la scène. Avec la seconde vous allez régler la vitesse de manière à éviter les deux types de flous de bougé dont je vous ai parlé plus haut.
Et l’appareil va choisir automatiquement la sensibilité (en ISO) qui permet de bien exposer la photo.
Et si un des paramètres ne vous convient pas, d’un coup de molette vous pouvez l’ajuster.
À vous de tester ce qui vous convient le mieux : mode A ou mode M avec ISO-auto. Tant que vous gardez un œil sur votre vitesse c'est le principal.
On peut donc passer au dernier gros morceau fondamental pour faire des photos nettes :
#3. Faites une bonne mise au point
Pour obtenir une photo nette, il faut évidemment que vous fassiez la mise au point au bon endroit. Il faut aussi que la zone de netteté soit assez étendue pour couvrir toutes les parties de l’image qui vous intéressent. Le reste sera noyé dans le bokeh.
Dans cette section je vais donc vous parler à la fois d’autofocus et de profondeur de champ.
Je ne vais pas vous assommer avec des considérations théoriques. Je vais vous donner quelques réglages simples pour faire des photos nettes dans trois situations très concrètes : le paysage, la macro, l’animalier.
On commence avec le plus simple :
La mise au point pour un paysage.
L’autofocus n’est même pas nécessaire.
En paysage, vous devez surtout vous demander quelle étendue vous voulez donner à la zone de netteté, la profondeur de champ : c’est elle qui va déterminer votre manière de faire la mise au point (et le réglage du diaphragme).
Le plus souvent en paysage, vous voulez un maximum de profondeur de champ. Pour cela le plus simple est de fermer le diaphragme aux alentours de f/8 ou f/11 et de faire la mise au point sur l’arrière plan (manuellement ou avec l’autofocus en mode AF-S / one shot). Pas sur l’infini surtout. Juste sur le lointain, grosso-modo.
Avec un grand angle ces réglages vont vous assurer une zone de netteté très importante. Vérifiez qu’avec ces petites ouvertures votre vitesse n’est pas trop lente (sinon augmentez les ISO ou utilisez un pied), et GO.

Avec un très grand-angle, faire la mise au point sur le second plan tout en fermant un peu le diaphragme vous assurera une zone de netteté largement suffisante, sans avoir à vous casser la tête. Ici le focus a été fait sur les arbres du lointain, ce qui n'empêche pas les meules de foin d'être parfaitement nettes (focale de 17 mm à f/8).
La méthode ci-dessus vous semble un peu pifométrique ? Elle l’est, mais fonctionne parfaitement dans la plupart des cas.
Cependant il faut parfois être un chouilla plus rigoureux. C’est là que l’hyperfocale apparaît️️.
Hyperfocale quésako ?
C’est la distance de mise au point qui produit la plus grande zone de netteté possible. Elle dépend de la focale de votre objectif, de l’ouverture du diaphragme et de la taille de votre capteur.
Et à quoi ça sert ?
Imaginons un superbe paysage de montagne. Et votre chéri·e qui pose sur un rocher à 3 mètres devant votre appareil, équipé d’un objectif de 28 mm. Est-ce qu’en faisant la mise au point à 3 mètres et en fermant le diaphragme à f/8 le paysage à l’arrière-plan sera net également ?
Eh bien non. Les calculs utilisant l’hyperfocale vous disent qu’à f/8 ce sera flou : les objets les plus lointains conservant une netteté acceptable seront situés à 33,13 m de vous (figure 1). Pas assez si vous voulez que cette belle falaise au loin soit nette également.
En revanche, en fermant le diaphragme à f/11 c’est tout bon ! La profondeur de champ (PdC) s’étend maintenant jusqu’à l’infini (figure 2). Bingo et merci l’hyperfocale.
Le calcul indique aussi que c’est en faisant la mise au point à 2,34 mètres que vous obtiendrez la zone de netteté la plus étendue possible (capture d'écran de l'appli PhotoPills) :

fig. 1. À 28 mm sur un plein format, quand vous faites la mise au point à 3 mètre en fermant à f/8 la zone de netteté s'étend de 1.57 m à 30,13 m.

Fig 2. À 28 mm sur un plein format, quand vous faites la mise au point à 3 mètre en fermant à f/11 la zone de netteté s'étend de 1.31 m à l'infini.

Fig 3. C'est avec une mise au point réalisée à 2,34 m que la zone de netteté sera maximale avec un 28 mm fermé à f/11 sur plein format.
Si vous pensez que l'hyperfocale peut vous être utile, il existe de nombreuses applis qui permettent de faire le calcul sur le terrain. Perso j’utilise PhotoPills (appli payante que je recommande pour la qualité de ses données astronomiques, mais qui donne aussi l’hyperfocale).
Il existe également deux techniques plus avancées mais hyper puissantes pour faire péter la netteté en paysage : le focus stacking et l’assemblage ️. Je vous explique tout ça en fin d’article.
La mise au point en macro.
Faire une bonne mise au point en macro va vous demander un peu de pratique, en particulier pour savoir quelle méthode adopter en fonction de la situation.
Rien de bien sorcier. Sortez, shootez et apprenez.
En fait, il y a deux cas en particulier où la mise au point est délicate à faire en macro ou en proxiphoto :

À des rapports de grossissement un peu ou très importants, l'autofocus n'est souvent plus d'une grande utilité. Ici la mise au point a été faite manuellement sur la tête, en ajustant la distance sujet/objectif.

En "proxi-photo" la mise au point peut se faire classiquement avec l'autofocus réglé en continu (comme ici pour un sujet en mouvement) ou en one shot. S'il est en vol, la détection du sujet par l'appareil n'est pas toujours optimale (ici détection des ocelles des ailes et non de la tête du papillon) mais c'est toujours mieux qu'une mise au point manuelle qui aurait été trèèèèès compliquée à faire.
Faire des photos nettes de sujets en en vol, à des grossissements faibles à moyens :
La situation est identique à tout sujet qui bouge, que ce soit un Insecte en proxiphoto ne change pas grand chose à l'affaire.
Le réglage clé est ici le mode rafale. Si vous voulez avoir une chance d'obtenir une photo nette et avec l'Insecte dans une position intéressante, il faut multiplier les clichés. Ça va vous demander un peu de tri une fois rentré à la maison, mais c'est vraiment LE moyen de maximiser vos chances d'avoir une bonne image.
Je vous conseille aussi de placer l'autofocus en mode suivi en continu du sujet (AF-C chez la plupart des marques, Servo chez Canon). Et soit de régler le collimateur central comme unique zone de détection pour l'AF, soit de faire confiance à la détection de sujet de votre appareil : à vous de faire vos essais et de choisir en fonction des capacités de votre matériel et de vos préférences.
Jetez aussi un œil à la technique de l'AF par le bouton arrière AF-on (j'en parle juste après pour l'animalier). Elle peut s'appliquer aussi aux papillons et libellules en vol.
Pour des sujets à fort grossissement :
On parle là de photos réalisées autour du rapport 1:1. Cela signifie qu'un sujet de 1 cm de long occupera aussi 1 cm sur votre capteur. Il vous faut pour cela un véritable objectif macro.
À de tels grossissements, vous êtes très prêts du sujet (souvent quelques cm) et celui-ci bouge peu ou pas du tout. Par exemple le bousier de la photo ci-dessus avançait très doucement vers l'objectif, pas de quoi s'affoler. C'est plus la profondeur de champ limitée qui pose problème pour avoir une netteté suffisante sur la partie la plus intéressante du sujet (une méthode pour contourner cela est le focus stacking, j'en parle plus loin dans l'article).
Souvent l'autofocus s'en sort bien à ces forts grossissements. Très bien même avec les appareils récents et les objectifs des grandes marques. Le mode AF-S (One Shot) peut alors permettre de faire des photos nettes.
Mais si les conditions de lumière se dégradent, quand vous ajoutez des tubes allonges pour augmenter le grossissement ou parfois même sans que vous compreniez trop pourquoi, l'AF peut décrocher et se mettre à pomper laborieusement. Si vous avez essayé des vraies photos macro, ça vous est forcément arrivé ?
C'est même pour cela qu'il y a toujours un limiteur de plage AF sur les objectifs macros. Ça accélère la mise au point quand tout va bien et ça évite à l'AF de mouliner sur une plage trop longue quand il est dans la semoule.
Mais il y a en macro une technique qui quand on y a goutté et qu'on la maîtrise est difficile à abandonner au profit d'un AF qui peut se mettre à pomper laborieusement à tout moment.
Pour la tester :
Je trouve que cette technique, hyper classique en macro, est vraiment la meilleure manière de faire la mise au point à forts grossissements. Elle est plus rapide et plus précise que l'autofocus, même quand celui-ci fonctionne très bien.
Si vous ne l'utilisez pas déjà, testez-là. Vraiment.
La mise au point en animalier.
Arf, là ça se complexifie encore !
Un groupe de cervidés qui broutent tranquillement ce n’est pas la même chose que ce cormoran qui s’envole à la surface de l’étang. Ou que ces ️!#@? de passereaux incapables de rester 2 secondes sans bouger.
Quoi, vous n’avez jamais pesté contre une mésange bleue ?
Et le pire en animalier, c’est qu’une scène peut basculer d’une situation à l’autre en un instant. Ce rapace que vous voyez posé tranquillement peut décider de s’envoler à tout moment. Un paysage c’est prévisible. Pas les animaux...
Alors, comment choisir les bons réglages pour faire des photos nettes en animalier ?
Si comme moi vous n’avez pas un hybride haut de gamme capable de détecter en une fraction de seconde les yeux des animaux, je vous conseille de mettre la ceinture plus les bretelles :
Pour ça le réglage de base c’est AF-C/servo placé sur le collimateur central. Cela vous oblige à centrer l’animal dans l’image, ce qui n’est certes pas très esthétique. Mais vous pourrez toujours recadrer un peu ensuite (il faut bien que ça serve, tous ces millions de pixels).
En contrepartie, vous bénéficiez du suivi automatique du sujet par votre appareil sur le capteur le plus performant (celui du centre). Et vous n’avez pas à vous poser la question du cadrage lors de la prise de vue, faire des photos nettes en suivant un animal qui se déplace est déjà assez compliqué comme ça !

Pour cette mésange bleue incapable de rester immobile plus de deux secondes et prise plein cadre, le mode de suivi autofocus continu (AF-C ou Servo en fonction des marques) s'en sort parfaitement.

Pour ces deux cerfs qui se réveillent paisiblement au loin, un autofocus réglé sur AF-S (One Shot chez Canon) convient parfaitement et permet de travailler la composition dès la prise de vue.
Vous allez me dire que c’est ballot, qu'il n’est pas toujours nécessaire d’être en autofocus continu. Lorsque l’animal se déplace peu ou pas du tout, comme c'est de la cas des cerfs de la photo ci-dessus, vous préféreriez être en AF-S/one shot pour pouvoir :
C’est fort juste.
Et ce que vous aimeriez certainement aussi, c’est pouvoir sortir du suivi continu quand la scène est plus tranquille et le retrouver instantanément si ça s’active un peu.
C’est tout à fait possible. En personnalisant le bouton arrière « AF-on » de votre boîtier.
Vous pouvez paramétrer ce bouton arrière pour basculer d’un mode AF à l’autre d’une simple pression du pouce, sans même enlever l’œil du viseur. Tous les reflex et hybrides proposent ce genre de personnalisation des touches.
C’est déjà une première avancée. Mais pas encore parfaite : il va quand même falloir avoir la présence d’esprit d’appuyer sur ce bouton si la situation s’anime, et compter sur la réactivité de l’appareil pour passer à temps en mode suivi.
Il y a plus ultime comme solution. Mais plus déconcertante aussi. À vous de voir si vous voulez sauter le pas.
Vous pouvez paramétrer ce même bouton arrière pour que ce soit lui qui lance la recherche autofocus et la mise au point, à la place du déclencheur.
Comment ça marche ? C’est très simple : vous allez dans les paramètres de votre appareil et dans les réglages personnalisés vous attribuez l’autofocus à cette touche AF-on. Ça marche avec toutes les marques.
À partir de ce moment, le déclencheur ne servira plus qu’à déclencher. La mise au point se fera séparément, quand vous appuierez sur AF-on à l’arrière du boîtier.
Et c’est quoi l’intérêt ?
Avec cette technique vous avez le meilleur des deux modes AF en un seul bouton, et un passage instantané de l’un à l’autre pour faire des photos nettes quelle que soit la situation. Vous allez comprendre :
Affectez l'autofocus au bouton AF-on arrière, et réglez l’appareil en AF-C / servo.
Redoutable !
La technique demande un peu de pratique avant d’être naturelle. Mais elle vaut le coup d’être essayée.
Voilà pour les fondamentaux.
On monte d’un niveau et on passe aux techniques plus avancées.
#4. Accentuez la netteté au post-traitement
Tous les logiciels de post-traitement d'image possèdent des fonctions d'accentuation de la netteté.
En les utilisant avec le bon dosage vous pouvez obtenir des résultats spectaculaires et très naturels. Une petite vidéo valant mieux qu'un long pavé de texte, je vous montre le résultat obtenu avec darktable sur la photo de mésange.
J'utilise un fichier raw (et non le .jpeg déjà traité par l'appareil) :
#5. Multipliez les détails par assemblage
Ou comment avec un 50mm f/1,8 à 150€ vous pouvez utiliser la technique du panorama pour augmenter de manière bluffante la résolution et le piqué de vos images.
Juste un petit avertissement quand même : la technique décrite ici est à utiliser quand vous voulez vraiment tirer le meilleur d'une scène, car elle nécessite un peu de préparation, une prise de vue sur pied (idéalement) et un chouilla de traitement ensuite. Et les fichiers générés sont énormes.
Et c'est mieux en raw.
Pour vous expliquer très concrètement comment cette technique va vous permettre de faire des photos nettes du premier brin d'herbe jusqu'au sommet le plus lointain d'un paysage, supposons que vous vouliez capturer une superbe scène au 20 mm. Clic-clac, c'est dans la boîte ️
Vous avez photographié une immense étendue.
La scène contient donc une infinité de détails que votre objectif et votre capteur ne peuvent pas enregistrer.
Eh bien pour révéler davantage de détails vous allez ranger votre 20 mm et ré-enregistrer la scène en plusieurs fois avec votre bon vieux 50 mm f/1.8 (par exemple).
En plus d’augmenter de façon spectaculaire le niveau de détail de vos images, cette technique résout aussi le problème beaucoup plus basique de toutes celles et tous ceux qui n’ont pas de très grand angle :
vous pouvez capter d’immenses paysages sans objectif spécial dans votre sac.
Le principe est bête comme chou : dans notre exemple vous allez prendre 9 photos au 50 mm plutôt qu'une seule au 20 mm, suivant le schéma ci-dessous.

Vous allez utiliser l’ouverture de l’objectif qui donne le piqué maximal, en général f/5.6 ou f/8. Et vous allez pouvoir faire finement la mise au point sur chaque plan de l’image (avant / moyen et arrière plan). Tout est aux petits oignons.
Avec ces 9 images au 50 mm vous avez assez de surface pour couvrir le champ d'un 20 mm, y compris les zones de superposition nécessaires à l'assemblage : au moins 20 % de recouvrement d’une image à l’autre, sinon le logiciel va avoir du mal.
Car oui, avec un logiciel spécialisé vous allez ensuite assembler tout ça en une seule image.
Hugin fait ça très bien pour 0 € (le site est en anglais mais le logiciel une fois installé est en français) et il peut fonctionner de concert avec darktable. Coté logiciels propriétaires, PTGui a une très bonne réputation.
CaptureOne et Lightroom possèdent aussi leurs fonctions panorama intégrées, très simples à utiliser.
Les résultats ?
#6. Faire des photos nettes par empilement
Je ne voulais pas finir cet article sans vous parler d’une technique un peu plus avancée encore, mais qui touche directement le contrôle de la netteté : le focus stacking.
Littéralement, l’empilement de netteté.
Cette technique consiste à prendre plusieurs photos d’un même sujet (qui doit donc être fixe, tout comme l’appareil) en décalant légèrement la mise au point d’un cliché au suivant. Ensuite, on assemble toutes les images en ne conservant pour chacune d’elle que la partie nette.
La technique mériterait un article à elle seule, je vous donne ici les principaux éléments pour vous lancer si vous voulez faire des photos nettes de très petits Animaux ou plantes. Ça vaut vraiment le coup d'essayer.
C’est en effet une technique utilisée surtout en macro pour palier aux très faibles profondeurs de champ. Mais vous pouvez aussi l’utiliser pour du paysage.
Les bénéfices de l'empilement sont importants :

Images de démo du logiciel d'assemblage Helicon.
NB : si ces notions de diaphragme, de profondeur de champ et de flou d’arrière plan ne vous sont pas familières, inscrivez-vous au blog et lisez le petit guide .PDF cadeau que vous allez recevoir, tout est dedans.
Combien de photos devez-vous prendre pour faire une photo nette grâce à l'assemblage ?
Pour un paysage 3 photos, prises sur trépied, peuvent suffire à obtenir l’effet voulu sur la netteté. Par exemple une pour le premier plan tout proche, une pour le milieu de l’image et une pour le lointain. Vous pouvez en ajouter, mais vous n’aurez jamais besoin de dizaines de photos pour un paysage en focus stacking.
Vous pouvez alors vous contenter d’importer en tant que calques les images sous gimp ou photoshop et à l'aide d'un masque et d'une brosse ne conserver pour chaque image que la partie bien nette. Les deux logiciels permettent aussi de faire ça en automatique.
En macro c’est une autre paire de manches… La profondeur de champ est si réduite qu’il faut souvent des dizaines de photos pour couvrir toute la zone qu’on veut avoir nette. Le tout sur un sujet immobile, avec l'appareil sur pied. Ouch !
Et interdiction de mettre des Insectes au frigo avant la prise de vue, ou pire de les tuer juste pour la photo, on est d'accord ?
Pour réaliser un focus-stacking en macro, vous devez :
Si le sujet du focus stacking vous intéresse, dîtes-le moi en commentaire, je vous ferai un article dédié 😉
Derniers conseils
Vous aviez quelques déceptions à propos de la netteté de vos photos et vous aviez du mal à identifier d'où cela venait ? Et surtout à savoir comment rectifier le tir ?
J'espère donc que cet article va vous aider à faire des photos nettes dans toutes les situations ! Si vous l'avez parcouru entièrement, vous avez passé en revue à peu près tous les cas de figure délicats que peut rencontrer un·e photographe nature. Et pour chacun vous avez une ou plusieurs solutions à tester pour supprimer les différents flous qui gâchent vos images.
Tout ce qui est écrit ici nécessite un peu d'entrainement avant que vous n'obteniez des résultats à tous les coups. Évidemment. C'est une base pour vous aidez, et c'est en pratiquant encore et encore que vous allez vous construire vos préférences, vos habitude et vos réussites.
À vous de jouer maintenant 🙂
Nombreux conseils fort utiles pour obtenir des photos nettes
je dois avouer que le focus stacking a l’air prometteur…
[…] des clés pour réussir des images bien nettes en photo nature est de maîtriser la mise au point. Et pour cela vous disposez sur l’appareil […]
Merci. Excellent article. A mettre en pratique maintenant. 🙂
Merci beaucoup Monique 🙂