News > Nature > Biodiversité en danger : les bordures de champs sous pression
Elles ne paient pas de mine à première vue.
Les bordures de champ, ces bandes d’herbes et de fleurs souvent négligées, vivent un bouleversement silencieux. Une étude française publiée dans la revue Ecology Lettersvient de confirmer une évolution que beaucoup d’entre nous observent, sans toujours pouvoir la quantifier.
Il fut un temps où longer les champs en été, c’était retrouver des prairies fleuries, des herbes bourdonnantes d’insectes et des talus qui faisaient le bonheur des tariers et des fauvettes.
Mais ce décor a depuis longtemps basculé. Et en moins de dix ans, sous l’effet conjoint du réchauffement climatique et des pratiques agricoles, la physionomie de ces milieux a encore changé.
Et pour les photographes comme les naturalistes, cela signifie qu’il est temps de repenser notre façon de regarder ces zones tampons un peu à la marge, peu spectaculaires mais si importantes pour la biodiversité, de les documenter, de les comprendre.
Des milieux pris en étaux entre réchauffement et agriculture industrielle
La transition est nette.
Les chercheurs de l’INRAE de Montpellier et de l’ANSES ont suivi entre 2013 et 2021, sur plus de 400 parcelles agricoles réparties dans toute la France, l’évolution des communautés végétales qui bordent nos cultures.
Résultat : sous l’effet combiné du dérèglement climatique et de l’agriculture industrielle, les communautés végétales se réorganisent. Les espèces dites « compétitives », à croissance rapide, et les « rudérales », habituées aux perturbations mécaniques comme les fauches ou les pulvérisations, sont en net recul.
Ce qui prend leur place, ce sont des végétaux à stratégie dite « stress-tolérante », capables de résister au sec, au chaud, à un sol tassé ou dégradé. Problème : ces espèces sont beaucoup plus vulnérables aux perturbations provoquées par l’agriculture.
Ces zones bordures des écosystèmes agricoles se retrouvent ainsi pris en étau entre les pressions contradictoires du climat et des pratiques agricoles industrielles, rendant la survie des plantes de plus en plus difficile.
Résultat : des cortèges végétaux moins diversifiés et qui régressent.
Et une corrélation claire : plus l’agriculture est industrialisée, plus la survie des plantes diminue, quel que soit leur niveau d’adaptation climatique. À l’inverse, dans des systèmes agricoles extensifs (prairies, haies, rotation des cultures), la diversité végétale est multipliée par 2,3.
Le changement climatique n’est donc pas l’unique menace. Sans une transformation vers une agriculture plus respectueuse (moins chimique, plus diversifiée), même les plantes prêtes à affronter le climat futur disparaîtront.
Documenter le paysage réel, celui des transitions
Ce que l’étude scientifique met en lumière, beaucoup d’entre nous l’observent quotidiennement : ce n’est plus la même flore, ce ne sont plus les mêmes rythmes.
Le mouron qui faisait le bonheur des oiseaux, les bleuets, le coquelicot, le compagnon blancs autres silènes des bordures de champs tendent à s’effacer au profit de graminées sèches et de plantains.
Le naturaliste derrière l’objectif a peut-être ici un rôle plus essentiel que jamais : documenter cette transition silencieuse. Car ces bordures qui changent ne sont pas seulement des décors moins « photogéniques ». Elles sont le reflet direct des bouleversements climatiques et anthropique à l’œuvre, à hauteur d’œil et d’objectif.
Il faudra désormais guetter les plantes pionnières et résistantes sécheresse, repenser les périodes de sortie – les floraisons s’écourtant ou se décalant – et accepter que l’esthétique se niche parfois dans l’épure et la résilience plutôt que dans l’abondance.
La photo nature comme chronique du vivant en mutation
Et pour ceux qui regrettent une certaine esthétique, il y a ici un nouveau sujet à capter : celui de l’adaptation, et parfois même du retour. Car malgré le pessimisme ambiant, certaines espèces réapparaissent là où on ne les attendait plus, profitant d’un relâchement des pratiques ou d’une accalmie climatique.
À condition de rester attentif on peut encore y dénicher de petites victoires.
Pour celles et ceux qui arpentent les paysages agricoles avec un appareil au cou, le message est clair : il faut penser documentaire. Travailler en série.
Revenir sur les mêmes spots, aux mêmes dates, pour comparer. S’appuyer sur des guides botaniques actualisés, croiser ses observations avec celles d’autres naturalistes, intégrer dans ses légendes les conditions de prise de vue (climat, date, contexte agronomique).
Photographe et naturaliste de cœur et de formation, je partage avec vous ma passion pour la nature. Mon objectif ? Vous aider à capturer des images qui vous rendent fier, à maîtriser votre matériel et à affiner votre regard de photographe.
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