Photo de couverture : ABphotography.
Déjà plus de trente ans que le loup est de retour en France et, avec lui, un débat qui n’en finit plus d’opposer.
Dans un contexte où pro et anti loups n’arrivent décidément pas à se comprendre, et alors que l’État n’en finit plus d’autoriser les tirs sur cette espèce pourtant protégée, le biologiste Ricardo Nouailhetas Simon publie « Un loup, ça sert à quoi ? » (éd. Delachaux et Niestlé).
Un essai qui se veut rigoureux et qui promet de ne rien esquiver : ni la force symbolique du loup, ni ses prédations, ni les controverses scientifiques autour de son rôle écologique.
Un livre qui ne donne pas de réponses toutes faites, mais qui ambitionne de poser les bonnes questions.
L’auteur rappelle notamment à quel point cet animal est pluriel. Il y a mille façons d’être un loup, et autant de manières d’en parler. Les Alpes ne sont pas le Yellowstone. La campagne champenoise n’est pas une forêt primaire de Pologne.
C’est là l’un des grands mérites de l’ouvrage : démonter les généralisations hâtives, montrer la diversité réelle des comportements du loup et de ses impacts sur les écosystèmes.
Un livre qui sort du bois

La préface du professeur Luigi Boitani, figure majeure de l’écologie des grands carnivores, donne le ton. Elle déplie sans détour la complexité du sujet et souligne le courage de l’auteur.
Car poser frontalement la question de l’utilité du loup, c’est prendre le risque de déplaire aux deux camps. Et c’est, de manière un peu provocatrice, aborder la question par le bout utilitariste de la lorgnette.
La nature et le sauvage doivent-ils être utiles à l’humain d’une manière ou d’une autre pour que nous leur accordions – dans notre grande mansuétude – le droit d’exister à nos côtés ?
« Ça sert à quoi un loup ? » est surtout la question que l’auteur s’est vu adressée à plusieurs reprises. Derrière son apparente simplicité, la question n’est pas si triviale et y répondre demande de convoquer des arguments et des concepts qu’on ne retrouve que rarement dans les discussions.
C’est une manière de reposer les bases d’un débat informé et nuancé.
Pourquoi c’est un livre à lire… même si vous ne verrez jamais un loup sauvage ?
Aujourd’hui le loup est présent de manière permanente ou temporaire dans une grande partie de la France. Pourtant, il est probable que vous ne le croisiez jamais directement, ce loup. Ou alors, flou, de dos, en vitesse.
Mais cela ne rend pas cet ouvrage moins utile. Bien au contraire. Il donne des clés pour penser, pour observer autrement la nature. Une nature dans laquelle le prédateur tente de reprendre sa place.
Il ne s’agit pas ici pour l’auteur de prendre parti pour ou contre. Il s’agit de creuser, d’apprendre, et d’accepter que tout ne soit pas blanc ou noir. Pas pour dire ce qu’il faut penser du loup, mais pour rappeler pourquoi il compte, et pourquoi il fascine toujours autant.
Si vous cherchez un livre qui assume cette complexité avec exigence et honnêteté, vous alors Un loup, ça sert à quoi ? mérite sa place dans votre bibliothèque.
0 commentaire(s)