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Grand tétras dans les Vosges : pourquoi s’acharner à greffer un oiseau dans un milieu malade ?

Grand Tétras mâle dans la neige.

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Crédit photo de couverture : Wildmedia

En rejetant le recours des associations de protection de l’environnement, le tribunal administratif de Nancy a validé ce 28 mars la poursuite du programme de réintroduction du Grand Tétras dans les Vosges.

Quarante oiseaux norvégiens devraient être relâchés ce printemps. Mais dans quel milieu pour les accueillir ?

Une greffe sans compatibilité

Greffer un organe sur un corps qui le rejette, tout médecin vous dira que c’est voué à l’échec. En écologie, c’est pareil. Tenter de réimplanter le Grand Tétras dans un massif vosgien qui n’offre plus ni l’espace, ni la tranquillité, ni les conditions climatiques adaptées… c’est peut-être bien intentionné, mais c’est scientifiquement bancal.

Depuis 2024, neuf oiseaux ont été réintroduits. Sept sont morts.

Et rien n’a changé sur le terrain qui pourrait laisser présager une autre fin pour les 40 autres oiseaux dont les lâchers sont prévus dans les prochaines semaines.

Les avis scientifiques sont clairs : les habitats sont toujours dégradés, les pressions humaines inchangées et le dérèglement climatique n’a pas fait machine arrière.

On greffe, mais on ne soigne pas le receveur.

Oiseau emblématique, mais condamné ?

Grand Tétras mâle en parade
Grand tétras mâle en parade. Photo : Mathijs de Koning

Le Grand Tétras est l’un des plus beaux oiseaux d’Europe. C’est aussi le plus gros galliforme du continent. Mais son exigence écologique est à la hauteur de sa majesté : grands espaces, forêts anciennes, quiétude absolue, enneigement régulier en hiver.

Or, les Vosges ne répondent plus à ce cahier des charges. La fragmentation des milieux, la pression touristique, la raréfaction de la neige… tout concourt à rendre l’environnement hostile pour cette espèce fragile.

Les scientifiques du Conseil national de la protection de la nature l’ont dit, les associations le répètent : on ne peut pas faire revenir une espèce sans avoir d’abord remédier aux causes de sa disparition.

Réintroduction ou communication ?

Les associations qui ont déposé un recours – SOS Massif des Vosges, Oiseaux Nature, Vosges Nature Environnement et d’autres – dénoncent un projet plus politique qu’écologique. Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges, porteur de l’opération, joue gros : renouvellement de son label, image de territoire “biodiversité-friendly”… mais à quel prix ?

À 230 000 € par an, pour relâcher des oiseaux promis à une mort très probable, le coût de la symbolique est lourd. Et pendant ce temps, les vraies urgences – restauration des milieux, apaisement des usages, réduction de la fréquentation – restent lettre morte.

Le cliché responsable

Femelle Grand Tétras – Photo @pum_eva

Évidemment, côté photographes, la tentation est grande. Revoir un Grand Tétras dans les Vosges, c’est un rêve. Mais les photographes-naturalistes doivent savoir se montrer humbles et responsables. L’attrait de l’image rare peut inciter à s’approcher, à déranger, même involontairement.

Et chaque dérangement compte pour une espèce aussi sensible.

Photographier la réintroduction pour qui y aurait accès, pourquoi pas. Documenter le processus, les coulisses, les enjeux, certes.

Mais se réjouir de cette opération en se prenant à rêver d’un cliché du mâle en parade ? Ce serait sans doute manquer le message que cette espèce nous envoie : “je ne suis pas prête”.

Et pendant ce temps, dans les Pyrénées…

Ce n’est pas le premier cas d’acharnement institutionnel sur cette espèce qui n’a pourtant rien demandé.

Dans les Pyrénées, il a fallu attendre l’automne 2022 et la suspension de la chasse du Grand Tétras sur l’ensemble du territoire national pour que les oiseaux y soient -provisoirement- à l’abris des plombs. Jusqu’au bout, certains chasseurs ont revendiqué le droit de tirer sur une espèce pourtant en danger critique.

Ce parallèle n’est pas anecdotique. Il révèle une dissonance profonde : on pleure la disparition des espèces, mais on refuse d’en tirer toutes les conséquences. Protéger, ce n’est pas seulement relâcher. C’est surtout renoncer. À certaines pratiques. À certaines infrastructures. À une vision court-termiste de la nature.

Un oiseau comme signal d’alarme

Le Grand Tétras dans les Vosges n’est pas un symbole d’espoir. C’est un thermomètre. Un baromètre de l’état de nos forêts, de notre capacité à cohabiter avec le sauvage. Et pour l’instant, l’aiguille pointe vers le rouge.

Il ne s’agit pas d’être contre les réintroductions. Mais de les faire bien, dans des milieux prêts à les accueillir. Sans ça, on ne sauve pas une espèce. On l’expose.

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À propos de l'auteur

Photographe et naturaliste de cœur et de formation, je partage avec vous ma passion pour la nature. Mon objectif ? Vous aider à capturer des images qui vous rendent fier, à maîtriser votre matériel et à affiner votre regard de photographe.


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